Le quatrième jour:(3 septembre 2001)

           de  Guitar Lake à Whitney Portal en passant par le sommet du Mont Whitney.  

 

                   C'est la journée la plus difficile, mais c'est aussi le dernier jour. Nous sommes donc plein d'énergie. Ce ne sera pas la journée la plus pénible puisqu'elle se fera dans l'enthousiasme. Nous nous sommes levé de bon matin et comme d'habitude, c'est Mark qui prépare le petit déjeuner à savoir du chocolat chaud et quelques barres spéciales de fruits sechés prévues pour randonneurs. En allant chercher de l'eau dans le lac pour se laver, on constatera que l'eau y est réellement chaude, chauffée par un rayonnement solaire sans doute peu filtré.

                    Mark est en pleine forme et prendra rapidement de l'avance. Il nous attendra quelques fois  dans la montée. Alexandre  craint une défaillance de son père et l'accompagne dans l'ascension. Tous, nous montons lentement car l'air se raréfie et la récupération est difficile.

                    Nous quittons "Guitar Lake" par le "trail" nous oriente vers le sud-est. La montée est raide et malheureusement entrecoupée de quelques petites sections descendantes qui nous font perdre  le bénéfice  précédent du gain d'altitude. La voie est plutôt rectiligne dans sa première section et se situe au pied des éboulis des Mont Whitney et Muir. Au fur et à mesure que le sentier s'élève, on aperçoit les "Hitchcock Lakes" et les éboulis des falaises des Monts du même nom charriés par des anciens glaciers aujourd'hui disparus. On passe encore près d'une petite prairie, la pente diminue et l'on peut reprendre son souffle avant l'assaut final de la montagne.

                    On entame alors une serie de 13 lacets  à pente très raide  qui nous amèneront au col séparant le bassins de la "Kern River", de ceux de l'"Owens Valley".Les arrêts sont fréquents. On regarde sa montre. On s'impose de marcher  au moins 15 minutes, puis 10 , puis 5 et puis on avance comme on peut. On controle sa respiration. Les pas sont aussi petits que possible et l'on n'élève quasiment pas les genoux. Il y a quelques fleurs dans la montée qui ont réussi à s'accrocher aux gros blocs de granit, on ne sait comment: tel des fleurs jaunes dénommées "hulsea" ou "alpine gold".

                    A 13.500 pieds (4120m), nous rencontrons le Whitney Trail, qui vient de Whitney Portal. Ici, notre sentier tourne vers la gauche et nous entamons les deux derniers miles  de l'ascension. Ils seront dur mais nous abandonnerons, comme beaucoup d'autres, nos sacs à cette intersection. Cela facilite très fortement la montée. La roche est fortement déchiquetée. Le ciel est sombre. On se demande s'il n'est pas imprudent d'aller jusqu'au sommet. On ne peut cependant pas abandonner si près du but, et puis maintenant il y a beaucoup de monde car la plupart des randonneurs font l'ascension à partir de Whitney trail. Il est vrai  que ceux-là encaissent la différence d'altitude en deux jours et sont parfois fort marqués par l'effort et le manque d'adaptation à l'altitude.

                   Le sentier est dangereux dans sa première partie car il est parfois situé en corniche avec des précipices latéraux. Des ouvertures latérales dans la montagne donnent des vues plongeantes sur l'Owens Valley, situées 3000 mètres plus bas. La seconde partie est une montée sur un plateau incliné, plus facile et surtout on sent l'approche du sommet.

                  On ne peut s'empêcher de courir  durant les 10 derniers mètres  pour atteidre le sommet . Une petite cabane construite par des astronomes au début du siècle est toujours là. Tous ceux qui ont atteint le sommet jouissent du bonheur d'être arrivés là. Une ambiance euphorique et un peu irréelle nous envahit. On discute d'un groupe à l'autre. On prend des photos des vainqueurs. Nous le sommes tous. Alexandre et moi, nous signerons le régistre déposé dans une grande boite de fer à côté de la cabane.

                 Hélas, le ciel est couvert et du sommet, il n'y a pas de panorama possible. Les nuages enveloppent de plus en plus les crêtes et il vaut mieux de redescendre. Plus bas, nous verrons que la foudre frappera le sommet. On jettera encore un regard admiratif vers le "Guitar Lake" et sa forme si carractéristique, vers les "Hitchcock Lakes" que nous dominons et vers toutes ces montagnes  qui hier nous écrasaient et qui ont l'air maintenant beaucoup plus humbles et qui ne se dressent plus qu'en-dessous de nous.

                 La descente sera très rapide. Nous récupérons nos sacs au carrefour "Trail Crest". Là, nous sortons du Sequoia National Park et versons dans la vallée du "Lone Pine Creek". Nous descendons une impressionante falaise de près de 500 mètres de dénivelation comprenant 97 lacets.La pente est importante et la pratique d'une course légère y est parfois plus aisée que la simple descente en marchant. Attention cependant dans les virages où si l'on est emporté par son élan, on risque d'aboutir directement dans le fond.

                 C'est là, que le long d'un étang, se trouve le "Trail Camp". C'est un camping très usité (overused), où logent tous ceux qui font l'ascension par la voie directe en partant de Whitney Portal. Dans la descente, on apercevra à droite le "Consultation Lake". Nous devons rendre nos bacs "canister", qui protégeaient notre nourriture avant 18h00. Nous ne pouvons donc nous permettre aucun détour. Le Trail continue à descendre. La roche est massive et le chemin sinueux. Nous tournons vers la gauche. Dans le fond de la vallée, au milieu des arbres (foxtail pines), nous apercevons le charmant "Mirror Lake"(10700ft ou 3265m). Des enseignes indiquent que le camping y est interdit. Tel les cascades, le sentier descend par à-coups. Peu après "Mirror Lake",, nous arrivons à Outpost Camp (10450ft ou3150m), qui est une vaste terasse avec des pins, des saules et toute une végétation qui devient luxuriante même au niveau du sol. C'était jadis un lac qui a été recouvert d'alluvions. Un chute d'eau venant  du sud-ouest alimente le site.. 

                 Et le Trail continue de descendre. On passera non loin du  "Lone Pine Lake" qui lui non plus ne recevra pas notre visite. La nature est toujours belle, mais ressemble de plus en plus à  une forêt ordinaire, à un chemin qui dévale de la montagne à flanc de coteau.

                Voilà, nous sommes tout près du parking de Whitney Portal, mais la dénivellation est encore importante et le sentier fait une longue boucle  vers l'est avant d'arriver  là où nous avons déposé le pick-up de Mark. Nous terminerons les 400 derniers mètres en courant, non sans une chute sur la ligne d'arrivée qui perturbera cette fin de randonnée. Néanmoins, tout se termine bien. Le véhicule de Mark est intact et n'a pas été attaqué par les ours. Il faut signaler que ceux-ci profitent de la nuit et du silence des hommes pour ouvrir les portières en brisant les vitres des véhicules. Il y a du verre à l'endroit de toutes les places de parking.

               Nous  sommes montés dans le véhicule, sommes allé reporter les "canisters", avons récupéré la "suburban" d'Alexandre, elle aussi était en parfait état malgré son abandon pendant quatre jour. Nous avons diné ensemble dans un snac à Lone Pine et nous nous sommes séparés.

               Je ne peux pas m'empêcher de me souvenir de cette petite bourgade qu'est "Lone Pine" que j'ai visité pour la première fois en 1978 avec ma femme. C'était un lieu peu fréquenté à l'époque; une sorte de bout du Monde. Ce qui est aujourd'hui la N395, une route superfréquentée, n'était alors qu'une voie peu empruntée. Nous y avions passé une excellente soirée et le petit restaurant " Marry-go-round" existe toujours.                           

                  

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